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==Belgio==
==Belgio==
*[http://smit.vub.ac.be/person/145/Hugo_Durieux Hugo Durieux]
*[http://smit.vub.ac.be/person/145/Hugo_Durieux Hugo Durieux, <hugo.durieux@vub.ac.be>]: lived in Italy for a time, is affiliated to a research group on Fundamental Rights and Constitutionalism, and writes on topics related to complexity, metaphors, law and anarchism. At a conference in Britain, he spoke about "From blind justice to silence" (referring to John Cage's work).


:Studied Philosophy and Law, lived and worked in the Netherlands, Germany, Italy and Belgium. He was active as a journalist, an academic lecturer and researcher, as a legal expert in the executive and the judiciary, and as a (project) manager in the field of knowledge production and distribution. Hugo is affiliated to a research group on Fundamental Rights and Constitutionalism. He writes and publishes on topics related to complexity, metaphors, law and anarchism. At a conference in Britain, he spoke about "From blind justice to silence" (referring to John Cage's work). <hugo.durieux@vub.ac.be>
*Bram Wets: Liga voor mensenrechten  bram(at) mensenrechten.be


*David Morelli: Liga voor mensenrechten  dmorelli (at) liguedh.be


[[Datei:Hugo Durieux.jpg|200px|thumb|left|Hugo Durieux]]
== Francia ==
 
=== Catherine Baker ===
 
*[http://abolition.prisons.free.fr/texte.html Kontakt: Catherine Baker, 25, boulevard de Belleville, 75011 Paris]
 
Publications by [http://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_Baker Catherine Baker]:
 
==== Manifeste Abolitionniste (1984) ====
 
*[http://abolition.prisons.free.fr/manifeste.html Manifeste Abolitionniste (1984)]
 
'''MANIFESTE ABOLITIONNISTE'''
 
Les principes qui ont fondé la prison étaient des principes philanthropiques : le délinquant, pendant son incarcération allait réfléchir, s’amender, se régénérer. L’histoire a eu raison de ces pénibles calembredaines. On ne peut bâtir l’utopie que sur une absolue rigueur intellectuelle, or l’emprisonnement repose sur « l’espoir que ça ira mieux après », c’est-à-dire sur rien d’intelligible.
 
Le mot « réinsertion » était une expression assez divertissante mais qui n’amuse même plus les élèves de l’École nationale de l’Administration pénitentiaire ; il serait au moins temps d’en trouver une autre, de préférence aussi cocasse.
 
Ce n’est pas le lieu ici de répéter ces évidences : l’incarcération rend fou, rend malade, rend dur et avide. Personne jamais n’a relevé le défi de dire le contraire.
 
Et nul ne désire vivre dans un monde que d’aucuns, en prenant le risque d’enfermer des hommes, rendent plus menaçant encore qu’il ne l’est.
 
Dans la plupart des pays, les criminologues, sachant qu’elle est profondément nuisible, tentent de plus en plus d’éviter la prison aux « petits délinquants » ; ce n’est certes pas par bonté d’âme.
 
A fortiori, il est primordial d’éviter l’emprisonnement aux « vrais » délinquants.
 
C’est pourquoi ces lignes ne sont pas une prise de position intellectuelle (ce que nous pensons n’a rien d’original) mais un appel à agir concrètement à quelques-uns pour l’abolition des prisons en inventant les moyens de notre action.
 
Nous ne sommes pas des dames d’œuvre ; nous ne croyons pas, en nous attaquant à la prison, soulager les misères du monde ni contrebalancer la bestialité de la multitude par une attitude « humaine ».
 
Nous ne sommes pas des humanistes. L’Homme n’existe pas et nous sommes tous communément des canailles.
 
La prison est un symbole, nous voulons dire un signe de reconnaissance pour des gens horrifiés d’instinct de ce à quoi on nous condamne.
 
Mais les prisons sont aussi des choses réelles accablantes pour l’esprit, insupportables à la raison et qui doivent disparaître, simplement parce que c’est logique.
 
Le discours sur une prison qui protégerait les braves gens des malfaiteurs est le plus facile à débusquer de tous les mensonges. On peut commencer par celui-là pour la joie de l’esprit : on comprendra mieux ainsi le rôle de la justice, de la police et finalement de la société tout entière.
 
La prison sécurise le plus grand nombre à trop bon compte et entraîne chacun à se départir du moindre bon sens. La prison est indispensable au maintien de l’ordre parce que l’ordre maintient la prison. Voilà pourquoi la prison est indispensable au maintien de la prison.
 
Le réformisme n’est pas, à proprement parler, idiot, mais impossible : moins la prison punit, moins elle répond à sa vocation. Reprocher à la prison d’être trop pénible, c’est reprocher à un hôpital de trop bien soigner.
 
Il y a une question intéressante qu’on nous pose souvent de siècle en siècle : « Vous parlez de supprimer la torture mais par quoi donc allez-vous la remplacer pour extorquer les aveux utiles à la société ? » Cette question est une bonne question. Nos réponses ne seront jamais assez bonnes pour ce genre de bonne question. Aussi demandons-nous humblement une autre formulation du problème.
 
En attendant, nous ne voyons aucun intérêt à faire durer l’état actuel des choses qui n’est pas un pis-aller mais le pire.
 
Nous avons beaucoup moins à perdre à ouvrir les prisons que les autoroutes et tout à gagner en sérénité, en intelligence, en désir de réfléchir à plusieurs aux moyens de vivre à plusieurs.
 
Et c’est urgent.


== Francia ==
Les courtes peines sont une mise à l’écart temporaire, inepte en soi. Mais les longues peines sont des peines éliminatoires voulues comme telles par la justice et la société : on « coupe le membre gangrené », on « arrache la mauvaise herbe », on « procède à la dératisation », autant de délicats euphémismes pour exprimer la volonté collective d’élimination, de meurtre.
 
Si l’on écoutait la foule, beaucoup de ceux qu’on envoie en prison seraient brûlés sur des grils, écorchés vifs avant d’être écartelés. Nous n’avons pas à composer avec la barbarie. Nous ne pactisons pas avec ceux qui ont le goût de la souffrance et de la mort en transigeant sur le moyen terme que serait l’emprisonnement. Parce que nous aimons la vie. (Quand nous ne l’aimons plus, nous l’estimons encore assez pour la quitter volontairement.)
 
Nous ne laisserons personne parler d’êtres « récupérables » ou « irrécupérables » ; le monde n’est cette décharge d’ordure que pour les esprits orduriers.
 
Au mieux, nous excluons l’idée d’opinion(s) publique(s) ; au pire, nous affirmons que le propre des opinions publiques supposées est de se laisser manipuler par ceux à qui ça profite. Quant à nous, nous ne désespérons pas de voir des individus se rallier à nos positions lorsqu’ils se seront fait leur propre idée sur la question.
 
En jouant le jeu d’un partage absurde entre coupables et innocents, la justice, par la pratique de l’emprisonnement, nous scie en deux et nous interdit de rechercher notre unité ; en renforçant les structures mentales normatives les plus rigides, elle fait de nous des agents mécaniques. Nous ne tolérons pas que la société, sous son avatar judiciaire, nous accule ainsi à la démence et en prenne prétexte pour exercer « naturellement » sa tutelle sur nous.
 
Nous n’aimons pas les taulards parce qu’ils sont des taulards. Les taulards ne sont pas plus aimables en tant que tels que les femmes, les juifs, les enfants ou les écrivains. Mais nous aimons certains individus qui ont aussi, entre autres caractéristiques, d’être écrivains ou enfants ou juifs ou femmes ou taulards.
 
Nous ne supportons pas d’être enfermés. Ni dedans ni dehors. Nous, les « innocents », n’avons pas plus le droit d’entrer dans les taules que les détenus d’en sortir. Même remarque pour la censure de notre courrier. Nous ne recevons pas la plupart des journaux écrits à l’intérieur des oubliettes, ils nous sont interdits.
 
Ce n’est pas « par respect des droits de l’Homme » que nous refusons l’enfermement. Nous ne souffrons pas davantage qu’on attache les chiens à la niche ou qu’on mette les singes en cage. Cela n’est pas une parenthèse.
 
[[Datei:Catherine-Baker 187.jpeg|200px|thumb|right|Catherine Baker, an abolitionist inspired by Louk Hulsman (foto: [http://www.google.de/imgres?imgurl=http://www.babelio.com/users/AVT_Catherine-Baker_187.jpeg&imgrefurl=http://www.babelio.com/auteur/Catherine-Baker/99138&h=526&w=350&tbnid=2NIPmCDaqRBfgM:&zoom=1&tbnh=90&tbnw=60&usg=__ZhgTfrs2Ma4XXxeEoZXOLGIgMG8=&docid=yyZfEjcA--RZ0M babelio.com])]]
 
Nous combattons toute alternative à la prison qui serait aussi un enfermement « à l’extérieur » comme par exemple un contrôle social plus raffiné encore qu’aujourd’hui.
 
Nous ne prétendons pas savoir ce qu’est la liberté mais nous percevons assez clairement et distinctement ce qu’est l’oppression et ce qui nous empêche d’être nous-mêmes.
 
Nous avons besoin de présenter de l’intérêt les uns pour les autres, donc nous ne pouvons accepter d’être assujettis ni pris en otage par quelque personne ou groupe que ce soit.
 
Nous nous opposons à toute institutionnalisation de la force, qu’elle vienne des caïds de tous ordres, des maffiosi, de la famille, du peuple, des mâles, de l’État, etc.
 
Nous ne reconnaissons à personne le droit ni de nous juger ni de juger nos actes.
 
Nous avons tous les droits.
 
Le Droit n’existe pas. Il est une vision pessimiste mais néanmoins fausse de ce que sont les rapports entre nous. Il est sans aucun intérêt d’interdire par exemple le viol, mais hautement intéressant au contraire d’imaginer comment éviter d’être violeur ou violé.
 
Le crime en soi n’existe pas ; si l’on prend au hasard un acte cauchemardesque et révoltant (comme un employeur qui me vole mon temps, ma vie), nous ne dirons pas qu’il faut éliminer le criminel mais que chacun a intérêt à renverser les choses, à comprendre ce qui se passe et à résister à la force. Rien ne s’oppose d’ailleurs à ce que des gens qui mutuellement s’apprécient ne réfléchissent ensemble aux moyens de se garder de toute atteinte à leur intégrité mentale ou physique.
 
Nous ne sommes pas complices des tribunaux qui condamnent en notre nom. Il s’agit là d’une usurpation qui est une fois de plus un coup d’État.
 
Cela ne saurait nous empêcher de garder chacun la possibilité d’un jugement ou d’une indignation mais la société n’a pas à se charger de nos indignations individuelles.
 
Nous ne sommes pas de gauche. Nous ne sommes pas davantage anarchistes, ni de droite, ni des parallélépipèdes, ni n’importe quoi de ce genre. Nous sommes opportunistes si cela nous semble utile. Nous savons ce que nous voulons.
 
Nous, abolitionnistes, sommes réalistes – si l’on veut bien par « réalistes » ne pas entendre « experts à avaler toutes les couleuvres du sordide aujourd’hui » – mais « décidés à réaliser nos idées ».
 
Catherine Baker
 
==== Pourqoi faudrait-il punir? (2004) ====
 
*[http://tahin-party.org/textes/baker.pdf Pourquoi faudrait-il punir? (Tahin Party, 192 pages)]
 
*[https://www.academia.edu/4056800/Baker_Sur_l_abolition_du_syst%C3%A8me_p%C3%A9nal Pourquoi faudrait-il punir? (academia.edu)].
 
'''POURQUOI FAUDRAIT-IL PUNIR ?'''
''Sur l’abolition du système pénal''


Est-ce bien de faire du mal à quelqu’un ?
La punition est-elle nécessaire à la Justice ? L’incarcération une
solution acceptable au problème de la délinquance ?
Les pages qui suivent ne répondent pas à ces questions. Elles
voudraient amener le lecteur à se les poser.
Nous nous interrogerons principalement sur la prison ; ce n’est
pas sous l’angle de ses conditions de vie que nous l’aborderons,
mais sous celui de sa raison d’être, le châtiment. Personne n’ose
plus dire comme au
XIX
e
siècle qu’elle permet aux bandits de
s’amender. Elle ne sert qu’à une seule chose qu’elle réussit
d’ailleurs fort bien : punir. (Nous en reparlerons très bientôt.)
Mais
punir est-il utile ? À qui ?
Même les plus timides réformateurs se heurtent à cette évidence,
adoucir les cruautés de l’incarcération s’oppose forcément à son
principe : elle est une peine, elle est faite et uniquement faite pour
punir le coupable, pour lui être pénible.
Car le droit pénal, par définition, est fondé sur la peine. Une
peine est une souffrance qu’on inflige. Est-il raisonnable d’ajouter
du mal à un mal ? Platon, par la bouche de Socrate, dénonçait déjà
dans le Criton l’inadéquation d’une telle réponse. On n’a pas
beaucoup avancé depuis.
J’entends bien que les victimes réclament la punition du
coupable.


On verra que les abolitionnistes insistent particulière-ment pour qu’on rende justice à la victime autant qu’à l’accusé.
Aujourd’hui dans un procès, la victime craint d’être jugée. Crainte parfaitement légitime, car jugée elle l’est. Est-elle bonne dans son rôle ? Fait-elle la victime comme il faut ? Elle est la justification de
la cruauté qu’on s’apprête à faire subir à l’accusé : le spectacle de
sa souffrance doit être à la hauteur.
Dans tous les films pour enfants et dans la plupart de ceux
pour adultes, à la fin les méchants sont châtiés et le spectateur
en est content. La punition procure une satisfaction certaine.
C’est un peu moins vrai dans la littérature où la liberté de fouiller
ce qui ne se voit pas a permis à de nombreux romanciers de se
mettre et de nous mettre à la place de qui a commis la faute.
Quelques cinéastes de génie y sont aussi parvenus. Seuls les plus
grands créateurs nous permettent de comprendre le crime qui
autrement nous échappe, comme il échappe très souvent aussi
dans la réalité à la compréhension du criminel.


Le châtiment s’ancre dans l’histoire la plus archaïque de l’hu-
manité, celle des terreurs religieuses que les hommes ont traduites
en dieux et déesses au cœur démoniaque. L’enfer chrétien n’a rien
à envier à l’enfer hindou et l’affirmation d’un sentiment de
culpabilité proprement judéo-chrétien n’est que l’aveu d’une inculture crasse. En Occident, la condamnation terrible de la faute
lors d’un jugement de l’âme après la mort s’enracine dans le culte
orphique, introduit en Grèce entre le
VII
e
et le VIe siècle avant notre
ère; ses origines se perdent dans les traditions védiques du
deuxième millénaire, et il est vraisemblable que l’idée de la faute
nous poursuivant dans l’au-delà était déjà à l’époque bien
ancienne. L’orphisme a beaucoup influencé les Pythagoriciens
puis Platon qui écrit par exemple dans le Gorgias que les âmes doivent comparaître nues devant les juges pour éviter qu’ils ne soient trompés par les apparences.
Sous tous les cieux, les humains scandalisés de voir l’éternelle
injustice du monde, l’innocent maltraité par la vie, le joyeux scé-
lérat prospérer et mourir tranquille, ont cherché à rétablir dans le
séjour des ombres l’impossible équité. Mais l’au-delà est sans
pitié. Des macérations épouvantables étaient censées apaiser les
êtres suprêmes que ce soit chez les Sioux, en Indonésie musulmane
ou dans les carmels français. Pas une religion pour sauver l’autre
lorsqu’il est question des supplices réservés aux damnés. Chez
les Scythes, les Aztèques, les Vikings, au fin fond de Bornéo ou
du Malawi, à toutes les époques, sous toutes les latitudes, les
dieux réclament vengeance. Nul besoin d’être coupable d’ailleurs
pour attirer leur fureur. C’est assez d’être. Ainsi naît la tragédie.
Tout châtiment s’inscrit dans cette volonté irrationnelle de se
soumettre au tragique. À l’origine, le coupable est celui que les
dieux ou le destin désignent comme tel indépendamment même
de la faute. Œdipe fait un coupable idéal : il n’est pas dit pourquoi
il n’avait pas le droit de coucher avec sa mère, pas dit non plus
pourquoi tout le monde avait trouvé très bien qu’il tue l’insolent
malotru qui lui barrait la route, mais que ce meurtre est devenu
faute quelques années plus tard quand on apprend qu’il s’agissait
de son père. On n’explique pas parce que le propre du tabou est
d’être affirmé et non raisonné. Œdipe est condamné par ses fils à
renoncer à son pouvoir et à rester enfermé dans le palais.
Auparavant le roi déchu s’est crevé les yeux. On dit peut-être un
peu vite que c’est pour se punir. Pour se punir, il eût fallu qu’il se sentît coupable. Son geste n’est-il pas plutôt l’expression du
comble de son désespoir face à l’injustice des dieux ?
On doit punir. C’est un impératif. De quel ordre ? Quelques
philosophes (pas autant qu’on pourrait le penser) ont essayé
de justifier la punition. Le lecteur pressé ou agacé par les vul-
garisations trop sommaires pourra s’abstenir de lire le premier
chapitre.
Après bien des détours, on en revient aujourd’hui à cette idée
(si l’on peut dire) qu’il ne rime à rien de chercher à justifier la
punition et qu’il « faut faire confiance à la tradition », quand ce
n’est pas à l’instinct.


=== Catherine Baker (2005): Why should we punish? ===
Dans les
*The book by [http://en.wikipedia.org/wiki/Catherine_Baker Catherine Baker] called "Pourquoi faudrait-il punir?" (2005) argues for the complete abolition of the prison system and can be found in the full French version [http://tahin-party.org/textes/baker.pdf here]. More than 100 pages. There is also a [http://en.wikipedia.org/wiki/Catherine_Baker little wikipedia entry] on her.
Lettres à Lucilius
, Sénèque écrit qu’« aucun homme
raisonnable ne punit parce qu’une faute a été commise, mais
pour qu’elle ne le soit plus ». Aimable ironie d’un homme aimable
entre tous qui mieux que quiconque sait qu’il n’est pas question
de raison dans le châtiment. C’est bien l’esprit de vengeance
des juges (professionnels ou non) qu’il dénonce dans ses
entretiens sur la colère. Si elle n’évite pas les fautes à venir,
dit-il, la pun
ition n’a aucun sens. Par la suite, des penseurs
allemands se montreront offusqués d’une telle vision utilitariste.
La punition ne doit servir à rien. Rien qu’à punir. Et on se l’est
tenu pour dit.
En cette époque où une génération a changé totalement de
repères (et non pas volontairement, mais parce que les conditions
économiques et sociales mises en place par la précédente les
rendent caducs), les aînés déboussolés essaient d’imposer à tous,
à défaut d’un dogme religieux qui pourrait, lui, susciter dissidences
ou hérésies, un signe de ralliement résolument impossible à
critiquer : la Loi. Ils s’y réfèrent sans cesse. Le châtiment en est le
corollaire indispensable. Chaque fois que quelqu’un dit « La Loi
est pour tout le monde » ou « On doit respecter la Loi du pays qui
vous accueille » ou « La Loi rend libre » ou « C’est au père d’incarner
l’image de la Loi », il convient de le reprendre et de lui faire dire


« la Loi donc la punition » ; c’est moins majestueux mais plus clair.
« la Loi donc la punition » ; c’est moins majestueux mais plus clair.
« Le châtiment est à la loi ce que le sexe est au mariage. »
« Le châtiment est à la loi ce que le sexe est au mariage. »
(Stephen Douglas).
(Stephen Douglas).
Est puni celui qui est jugé coupable d’avoir enfreint la Loi,
Est puni celui qui est jugé coupable d’avoir enfreint la Loi,
laquelle varie selon les groupes. Elle est l’expression du pouvoir
laquelle varie selon les groupes. Elle est l’expression du pouvoir
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» que l’on traduit habituellement
» que l’on traduit habituellement
par « excès de justice, excès d’injustice », traduction que je trouve
par « excès de justice, excès d’injustice », traduction que je trouve
tendancieuse ; je proposerais « Justice parfaite, parfaite injustice »
tendancieuse ; je proposerais « Justice parfaite, parfaite injustice » certaines de faire leurs choux gras d’une récession qui ne
1
.
En Arabie comme aux États-Unis, en France comme en
Chine, l’heure est à une répression de plus en plus brutale.
Sans compter que l’emprisonnement à but lucratif a de beaux
jours devant lui. Les entreprises privées qui ont acheté des
parts dans ce marché sont pleinement satisfaites. Même si
l’économie mondiale s’effondrait, elles seraient absolument
11
1 – Mot à mot : « Au plus haut de la justice, le plus haut de l’injustice ».
catbak int. déf.  11/03/04  22:04  Page 11
certaines de faire leurs choux gras d’une récession qui ne
pourrait que rendre les pauvres plus délinquants et les riches
pourrait que rendre les pauvres plus délinquants et les riches
plus répressifs.
plus répressifs.
La Justice est d’une sauvagerie rare depuis vingt ans. En
La Justice est d’une sauvagerie rare depuis vingt ans. En
France, où il a bien fallu abandonner la peine de mort pour être
France, où il a bien fallu abandonner la peine de mort pour être
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Beaucoup de Français trouvent que la mort manque.
Beaucoup de Français trouvent que la mort manque.
Quand on pense qu’en 1791, le comité de législation criminelle
Quand on pense qu’en 1791, le comité de législation criminelle
avait failli abroger la peine de mort
avait failli abroger la peine de mort 1 ... La durée maximale de
1
... La durée maximale de
détention était alors fixée à vingt ans !
détention était alors fixée à vingt ans !
Si l’heure est à une répression de plus en plus barbare, ce n’est
Si l’heure est à une répression de plus en plus barbare, ce n’est
pas dû en France, tant s’en faut, à l’arrivée au pouvoir en mai 2002
pas dû en France, tant s’en faut, à l’arrivée au pouvoir en mai 2002
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Code pénal, élaboré entre 1981 et 1994 où il est entré en vigueur,
Code pénal, élaboré entre 1981 et 1994 où il est entré en vigueur,
est incontestablement plus sévère que celui qui le précédait.
est incontestablement plus sévère que celui qui le précédait.
Même si 140 000 personnes sont condamnées mais échappent
Même si 140 000 personnes sont condamnées mais échappent à la prison grâce aux peines de substitution (on verra cependant
à la prison grâce aux peines de substitution (on verra cependant
que la plupart ne seraient même pas passées en jugement avant
que la plupart ne seraient même pas passées en jugement avant
le nouveau code), les cellules demeurent pleines à craquer parce
le nouveau code), les cellules demeurent pleines à craquer parce
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d’attaques de banques depuis que partout se sont sophistiqués
d’attaques de banques depuis que partout se sont sophistiqués
les moyens de protection et moins de cambriolages pour les
les moyens de protection et moins de cambriolages pour les
mêmes raisons. Assurément les systèmes techniques de dissua-
mêmes raisons.
sion sont bien plus efficaces que les pendaisons, poings coupés
12
1 – Cf. Julie Le Quang Sang,
La loi et le bourreau : la peine de mort en
débat 1870-1985
, L’Harmattan, 2001.
catbak int. déf.  11/03/04  22:04  Page 12


=== Michel Onfray et al. (2014): Manifesto for the abolition of every prison ===
=== Michel Onfray ===
*The Manifesto [http://www.x-pressed.org/?xpd_article=france-for-the-abolition-of-every-prison-and-the-logic-of-incarceration For the Abolition of Every Prison and the Logic of Incarceration] demands "this archaic system that allows the imprisonment of human by human" to be "thrown in the deepest dungeons of history”.'' There are versions of the manifesto in English, French, and Greek.  
*[http://www.x-pressed.org/?xpd_article=france-for-the-abolition-of-every-prison-and-the-logic-of-incarceration For the Abolition of Every Prison and the Logic of Incarceration] demands "this archaic system that allows the imprisonment of human by human" to be "thrown in the deepest dungeons of history”.'' There are versions of the manifesto in English, French, and Greek.  
First underwriters of the manifesto: Philippe Bouvet, professeur d'histoire-géographie et père de détenu,  
First underwriters of the manifesto: Philippe Bouvet, professeur d'histoire-géographie et père de détenu,  
Alain Cangina, président de l'association Renaître PJ2R
Alain Cangina, président de l'association Renaître PJ2R
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Antoine Pâris, journaliste.
Antoine Pâris, journaliste.


==== Version Française ====
==== Abolir la prison, ses mécanismes et ses logiques (2014) ====
*[http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/040614/abolir-la-prison-ses-mecanismes-et-ses-logiques Abolir la prison, ses mécanismes et ses logiques]
*[http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/040614/abolir-la-prison-ses-mecanismes-et-ses-logiques Abolir la prison, ses mécanismes et ses logiques (2014)]


==== English Version ====
==== For the Abolition of Every Prison and the Logic of Incarceration (2014) ====
[[Datei:Michel Onfray - Theatre rond point - 2010-05-20.jpg|200px|thumb|right|Michel Onfray (2010)]]
[[Datei:Michel Onfray - Theatre rond point - 2010-05-20.jpg|200px|thumb|right|Michel Onfray (2010)]]


:“Prison was built on the principles of philanthropy: during the time of their incarceration, the offenders would reflect, would improve, would be reborn. History defeated this sad nonsense. A prison can only be constructed on the foundations of absolute spiritual cruelty; otherwise imprisonment is just based on the hope that everything will go well after it ends, hence on something completely inconceivable”. When Catherine Baker (journalist of the libertarian movement, author and supporter of the abolition of prisons) was writing these words in March of 1984, in France there were 38,600 persons held in prisons. Thirty years later this number has increased to 69,000 and the average time of incarceration is more than double (from 5.5 to more than 12 months).
:“Prison was built on the principles of philanthropy: during the time of their incarceration, the offenders would reflect, would improve, would be reborn. History defeated this sad nonsense. A prison can only be constructed on the foundations of absolute spiritual cruelty; otherwise imprisonment is just based on the hope that everything will go well after it ends, hence on something completely inconceivable”. When Catherine Baker (journalist of the libertarian movement, author and supporter of the abolition of prisons) was writing these words in March of 1984, in France there were 38,600 persons held in prisons. Thirty years later this number has increased to 69,000 and the average time of incarceration is more than double (from 5.5 to more than 12 months).
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:We argue that nowadays, holding a person incarcerated does not mean that you punish them: it means that you permit the perpetuation of an archaic system that is now obsolete and incompatible with postmodern societies. We demand this abhorrent practice that allows the isolation and confinement of human by human, to be thrown in the deepest dungeons of history. It is our belief that it will not be long before imprisonment is considered by humans as the most irrefutable evidence of the brutality, the moral and emotional decline that characterised humanity till the beginning of the 21st century. We deny that Justice has the right, in the name of the law, to condemn people in imprisonment.
:We argue that nowadays, holding a person incarcerated does not mean that you punish them: it means that you permit the perpetuation of an archaic system that is now obsolete and incompatible with postmodern societies. We demand this abhorrent practice that allows the isolation and confinement of human by human, to be thrown in the deepest dungeons of history. It is our belief that it will not be long before imprisonment is considered by humans as the most irrefutable evidence of the brutality, the moral and emotional decline that characterised humanity till the beginning of the 21st century. We deny that Justice has the right, in the name of the law, to condemn people in imprisonment.


=== Manifesto Authors and Supporters ===
Authors of the manifesto are the philosophers [http://en.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray Michel Onfray] and Tony Ferri, the Member of Parliament Noël Mamère, the ex-president of the International Prison Observatory Gabriel Mouesca, the lawyers Lucie Davy and Yannis Lantheaume as well as the the ex-prisoner Philippe El Shennawy.
The philosophers [http://en.wikipedia.org/wiki/Michel_Onfray Michel Onfray] and Tony Ferri, the Member of Parliament Noël Mamère, the ex-president of the International Prison Observatory Gabriel Mouesca, the lawyers Lucie Davy and Yannis Lantheaume as well as the the ex-prisoner Philippe El Shennawy.


Signers of the Manifesto: Alain Cangina, president of the association Renaître (consisting of ex-prisoners it intervenes and highlights cases of mistreatment in prisons); Audrey Chenu, ex-prisoner, teacher and author of the autobiographic book Girlfight; Lucie Davy, lawyer; Philippe El Shennawy, ex-prisoner; Tony Ferri, philosopher; Samuel Gautier, cinematographer; Yannis Lantheaume, lawyer; Jacques Lesage de La Haye, writer and psychologist; The unknown inmate, prisoner in a French prison and [http://www.rue89lyon.fr/category/blogs/taulard-inconnu/ blogger] under the same name; Philippe Bouvet, professor of history/geography and father of a detained person; Thierry Lodé, biologist, Noël Mamère, independent MP of the party Europe, Ecology and Green (European Green Party??), Gabriel Mouesca, historic member of the Basque separatist group Iparretarrak and ex-president of the International Prison Observatory (OIP); Yann Moulier-Boutang, economist and essay writer; Michel Onfray, philosopher; Antoine Pâris, journalist.
Signers of the Manifesto: Alain Cangina, president of the association Renaître (consisting of ex-prisoners it intervenes and highlights cases of mistreatment in prisons); Audrey Chenu, ex-prisoner, teacher and author of the autobiographic book Girlfight; Lucie Davy, lawyer; Philippe El Shennawy, ex-prisoner; Tony Ferri, philosopher; Samuel Gautier, cinematographer; Yannis Lantheaume, lawyer; Jacques Lesage de La Haye, writer and psychologist; The unknown inmate, prisoner in a French prison and [http://www.rue89lyon.fr/category/blogs/taulard-inconnu/ blogger] under the same name; Philippe Bouvet, professor of history/geography and father of a detained person; Thierry Lodé, biologist, Noël Mamère, independent MP of the party Europe, Ecology and Green (European Green Party??), Gabriel Mouesca, historic member of the Basque separatist group Iparretarrak and ex-president of the International Prison Observatory (OIP); Yann Moulier-Boutang, economist and essay writer; Michel Onfray, philosopher; Antoine Pâris, journalist.


== Germania ==
== Germania ==
=== Johannes Feest ===
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Johannes_Feest Johannes Feest]: Is the deprivation of liberty still an appropriate sanction in the 21st century?
*[http://en.wikipedia.org/wiki/Johannes_Feest Johannes Feest]: Is the deprivation of liberty still an appropriate sanction in the 21st century?


[[Datei:Feest.jpg|200px|thumb|left|Johannes Feest]]
[[Datei:Feest.jpg|200px|thumb|left|Johannes Feest]]


=== Uwe Wesel ===
*Gefängnisse sind absurd. Eine Abrechnung mit dem System von Strafe und Vergeltung, in: Wochenpost Nr. 14, 1. April 1993: 44.


== Italia ==
== Italia ==
*[[http://www.noprison.eu/ NO PRISON Manifesto]]
 
=== NO PRISON ===
[[http://www.noprison.eu/ NO PRISON Manifesto]]


#Il sistema della giustizia penale come solo dispensatore di sofferenza non è tollerabile. Neppure infliggere dolore all’autore di una strage è utile al miglioramento della società: al sangue delle vittime si aggiungerebbe unicamente una sofferenza in più: quella del pluriomicida condannato. Quanto, poi, possa essere giusto reagire al male con il male ci sembra una questione oggi priva di senso, stante che la pena retributiva rinvia all’idea di meritevolezza di pena improponibile in uno Stato laico.
#Il sistema della giustizia penale come solo dispensatore di sofferenza non è tollerabile. Neppure infliggere dolore all’autore di una strage è utile al miglioramento della società: al sangue delle vittime si aggiungerebbe unicamente una sofferenza in più: quella del pluriomicida condannato. Quanto, poi, possa essere giusto reagire al male con il male ci sembra una questione oggi priva di senso, stante che la pena retributiva rinvia all’idea di meritevolezza di pena improponibile in uno Stato laico.
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== Neerlandia ==
== Neerlandia ==
*Jehanne Hulsman (j.hulsman5@chello.nl).
[[Datei:Wiene van hattum photo.png|200px|thumb|right|Wiene van Hattum]]
=== Wiene van Hattum ===
 
*[http://www.rug.nl/staff/w.f.van.hattum/ (Wiene) van Hattum]
 
*[http://nieuws.thepostonline.nl/2014/12/23/universiair-docente-wil-gevangenisstraf-afschaffen/ Universitair docente wil gevangenisstraf afschaffen 2014]
 
 
w.f.van.hattum@rug.nl


== Norvegia ==
== Norvegia ==


 
=== Nils Christie ===
[[Bild:Nils Christie 2.jpg|thumb|left|Nils Christie in his study]]
[[Bild:Nils Christie 2.jpg|200px|thumb|left|Nils Christie in his study]]


This is a text by Nils Christie (2015) that could be good for the No Prison Europe Project:  
This is a text by Nils Christie (2015) that could be good for the No Prison Europe Project:  
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Wilkinson, Richard and Kate Pickett (2009) The Spirit Level. Why equality is Better for everyone. Allen Lane.
Wilkinson, Richard and Kate Pickett (2009) The Spirit Level. Why equality is Better for everyone. Allen Lane.


 
=== Thomas Mathiesen ===
[[Datei:Mathiesen.gif|200px|thumb|right|Thomas Mathiesen]]
[[Datei:Mathiesen.gif|200px|thumb|right|Thomas Mathiesen]]


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*[http://nomoreprison.blogspot.de/2010/06/abolitionist-approach-british.html Joe Sim (2010) The abolitionist approach - a British Perspective, in: No More Prison, blogspot]
*[http://nomoreprison.blogspot.de/2010/06/abolitionist-approach-british.html Joe Sim (2010) The abolitionist approach - a British Perspective, in: No More Prison, blogspot]
*[[Andrea Beckmann]] (a.beckmann (at) lincoln.ac.uk)
*[[Andrea Beckmann]] (a.beckmann (at) lincoln.ac.uk)
*Vincenzo Ruggiero




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:Nick Herbert argues against prison abolition in "The Guardian" at the occasion of an ICOPA conference. Here his text:   
:Nick Herbert argues against prison abolition in "The Guardian" at the occasion of an ICOPA conference. Here his text:   
[[Datei:Nick herbert.jpg|200px|thumb|left|The British Police and Criminal Justice Minister Nick Herbert]]


:Last week saw an International Conference on Penal Abolition. With such a heady ambition, what can be next? A global conference to abolish crime? The ambition of an eccentric minority to abolish prison isn't just dotty. It's a distraction from a real and pressing agenda, which is to reform prisons which simply aren't working.
:Last week saw an International Conference on Penal Abolition. With such a heady ambition, what can be next? A global conference to abolish crime? The ambition of an eccentric minority to abolish prison isn't just dotty. It's a distraction from a real and pressing agenda, which is to reform prisons which simply aren't working.
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== Spagna ==
== Spagna ==
*[http://www.ub.edu/dret/professor/ang/rivera.ub.edu.html Inaki Rivera Beiras]
*[http://www.ub.edu/dret/professor/ang/rivera.ub.edu.html Inaki Rivera Beiras]
== Addresses ==
Belgium:
*Bram Wets (Liga voor mensenrechten): bram@mensenrechten.be
*David Morelli (Liga voor mensenrechten): dmorelli@liguedh.be
Brasilien:
*Ricardo Genelhú: ricardo@fcb.edu.br
Germany:
*Johannes Feest:  feest.johannes@gmail.com
*Sebastian Scheerer: scheerer@uni-hamburg.de
Italy:
*NO PRISON & Simone Santorso
Regno Unito:
*David Scott: d.g.scott@ljmu.ac.uk
*Vincenzo Ruggiero: ??
Neerlandia:
*Wiene van Hattum: w.f.van.hattum@rug.nl
Norvegia:
*Thomas Mathiesen:  ??
*Hedda Giertsen: hedda.giertsen@jus.uio.no
Spagna:
*Inaki Rivera Beiras: rivera@ub.edu
*Alejandro Forero Cuellar: aleforero@ub.edu


== See also ==
== See also ==
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