Catherine Baker

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Catherine Baker (*16.07.1947, Lille) est une femme de lettres française. Elle a été d'abord journaliste avant de se consacrer à son œuvre littéraire. Catherine Baker a également produit de nombreuses émissions, notamment à France Culture. En général, ces séries traitent de thèmes liés à l'enfermement (prisons, écoles, couvents, hôpitaux psychiatriques, etc.). Féministe et incroyante, elle a enquêté sur les moniales cloîtrées. Son dernier ouvrage Pourquoi faudrait-il punir ? est consacré à l'abolition du droit pénal et à celle des prisons.

Elle a recherché une maison d'édition offrant la particularité d'accepter la mise en ligne gratuite du texte intégral, parallèlement à l'édition à faible coût sur papier.

Veröffentlichungen

1982: Balade dans les solitudes ordinaires.

Insoumission à l'école obligatoire

Les contemplatives, des femmes entre elles

MANIFESTE ABOLITIONNISTE (1984)

Les principes qui ont fondé la prison étaient des principes philanthropiques : le délinquant, pendant son incarcération allait réfléchir, s’amender, se régénérer. L’histoire a eu raison de ces pénibles calembredaines. On ne peut bâtir l’utopie que sur une absolue rigueur intellectuelle, or l’emprisonnement repose sur « l’espoir que ça ira mieux après », c’est-à-dire sur rien d’intelligible.

Le mot « réinsertion » était une expression assez divertissante mais qui n’amuse même plus les élèves de l’École nationale de l’Administration pénitentiaire ; il serait au moins temps d’en trouver une autre, de préférence aussi cocasse.

Ce n’est pas le lieu ici de répéter ces évidences : l’incarcération rend fou, rend malade, rend dur et avide. Personne jamais n’a relevé le défi de dire le contraire.

Et nul ne désire vivre dans un monde que d’aucuns, en prenant le risque d’enfermer des hommes, rendent plus menaçant encore qu’il ne l’est.

Dans la plupart des pays, les criminologues, sachant qu’elle est profondément nuisible, tentent de plus en plus d’éviter la prison aux « petits délinquants » ; ce n’est certes pas par bonté d’âme.

A fortiori, il est primordial d’éviter l’emprisonnement aux « vrais » délinquants.

C’est pourquoi ces lignes ne sont pas une prise de position intellectuelle (ce que nous pensons n’a rien d’original) mais un appel à agir concrètement à quelques-uns pour l’abolition des prisons en inventant les moyens de notre action.

Nous ne sommes pas des dames d’œuvre ; nous ne croyons pas, en nous attaquant à la prison, soulager les misères du monde ni contrebalancer la bestialité de la multitude par une attitude « humaine ».

Nous ne sommes pas des humanistes. L’Homme n’existe pas et nous sommes tous communément des canailles.

La prison est un symbole, nous voulons dire un signe de reconnaissance pour des gens horrifiés d’instinct de ce à quoi on nous condamne.

Mais les prisons sont aussi des choses réelles accablantes pour l’esprit, insupportables à la raison et qui doivent disparaître, simplement parce que c’est logique.

Le discours sur une prison qui protégerait les braves gens des malfaiteurs est le plus facile à débusquer de tous les mensonges. On peut commencer par celui-là pour la joie de l’esprit : on comprendra mieux ainsi le rôle de la justice, de la police et finalement de la société tout entière.

La prison sécurise le plus grand nombre à trop bon compte et entraîne chacun à se départir du moindre bon sens. La prison est indispensable au maintien de l’ordre parce que l’ordre maintient la prison. Voilà pourquoi la prison est indispensable au maintien de la prison.

Le réformisme n’est pas, à proprement parler, idiot, mais impossible : moins la prison punit, moins elle répond à sa vocation. Reprocher à la prison d’être trop pénible, c’est reprocher à un hôpital de trop bien soigner.

Il y a une question intéressante qu’on nous pose souvent de siècle en siècle : « Vous parlez de supprimer la torture mais par quoi donc allez-vous la remplacer pour extorquer les aveux utiles à la société ? » Cette question est une bonne question. Nos réponses ne seront jamais assez bonnes pour ce genre de bonne question. Aussi demandons-nous humblement une autre formulation du problème.

En attendant, nous ne voyons aucun intérêt à faire durer l’état actuel des choses qui n’est pas un pis-aller mais le pire.

Nous avons beaucoup moins à perdre à ouvrir les prisons que les autoroutes et tout à gagner en sérénité, en intelligence, en désir de réfléchir à plusieurs aux moyens de vivre à plusieurs.

Et c’est urgent.

Les courtes peines sont une mise à l’écart temporaire, inepte en soi. Mais les longues peines sont des peines éliminatoires voulues comme telles par la justice et la société : on « coupe le membre gangrené », on « arrache la mauvaise herbe », on « procède à la dératisation », autant de délicats euphémismes pour exprimer la volonté collective d’élimination, de meurtre.

Si l’on écoutait la foule, beaucoup de ceux qu’on envoie en prison seraient brûlés sur des grils, écorchés vifs avant d’être écartelés. Nous n’avons pas à composer avec la barbarie. Nous ne pactisons pas avec ceux qui ont le goût de la souffrance et de la mort en transigeant sur le moyen terme que serait l’emprisonnement. Parce que nous aimons la vie. (Quand nous ne l’aimons plus, nous l’estimons encore assez pour la quitter volontairement.)

Nous ne laisserons personne parler d’êtres « récupérables » ou « irrécupérables » ; le monde n’est cette décharge d’ordure que pour les esprits orduriers.

Au mieux, nous excluons l’idée d’opinion(s) publique(s) ; au pire, nous affirmons que le propre des opinions publiques supposées est de se laisser manipuler par ceux à qui ça profite. Quant à nous, nous ne désespérons pas de voir des individus se rallier à nos positions lorsqu’ils se seront fait leur propre idée sur la question.

En jouant le jeu d’un partage absurde entre coupables et innocents, la justice, par la pratique de l’emprisonnement, nous scie en deux et nous interdit de rechercher notre unité ; en renforçant les structures mentales normatives les plus rigides, elle fait de nous des agents mécaniques. Nous ne tolérons pas que la société, sous son avatar judiciaire, nous accule ainsi à la démence et en prenne prétexte pour exercer « naturellement » sa tutelle sur nous.

Nous n’aimons pas les taulards parce qu’ils sont des taulards. Les taulards ne sont pas plus aimables en tant que tels que les femmes, les juifs, les enfants ou les écrivains. Mais nous aimons certains individus qui ont aussi, entre autres caractéristiques, d’être écrivains ou enfants ou juifs ou femmes ou taulards.

Nous ne supportons pas d’être enfermés. Ni dedans ni dehors. Nous, les « innocents », n’avons pas plus le droit d’entrer dans les taules que les détenus d’en sortir. Même remarque pour la censure de notre courrier. Nous ne recevons pas la plupart des journaux écrits à l’intérieur des oubliettes, ils nous sont interdits.

Ce n’est pas « par respect des droits de l’Homme » que nous refusons l’enfermement. Nous ne souffrons pas davantage qu’on attache les chiens à la niche ou qu’on mette les singes en cage. Cela n’est pas une parenthèse.

Nous combattons toute alternative à la prison qui serait aussi un enfermement « à l’extérieur » comme par exemple un contrôle social plus raffiné encore qu’aujourd’hui.

Nous ne prétendons pas savoir ce qu’est la liberté mais nous percevons assez clairement et distinctement ce qu’est l’oppression et ce qui nous empêche d’être nous-mêmes.

Nous avons besoin de présenter de l’intérêt les uns pour les autres, donc nous ne pouvons accepter d’être assujettis ni pris en otage par quelque personne ou groupe que ce soit.

Nous nous opposons à toute institutionnalisation de la force, qu’elle vienne des caïds de tous ordres, des maffiosi, de la famille, du peuple, des mâles, de l’État, etc.

Nous ne reconnaissons à personne le droit ni de nous juger ni de juger nos actes.

Nous avons tous les droits.

Le Droit n’existe pas. Il est une vision pessimiste mais néanmoins fausse de ce que sont les rapports entre nous. Il est sans aucun intérêt d’interdire par exemple le viol, mais hautement intéressant au contraire d’imaginer comment éviter d’être violeur ou violé.

Le crime en soi n’existe pas ; si l’on prend au hasard un acte cauchemardesque et révoltant (comme un employeur qui me vole mon temps, ma vie), nous ne dirons pas qu’il faut éliminer le criminel mais que chacun a intérêt à renverser les choses, à comprendre ce qui se passe et à résister à la force. Rien ne s’oppose d’ailleurs à ce que des gens qui mutuellement s’apprécient ne réfléchissent ensemble aux moyens de se garder de toute atteinte à leur intégrité mentale ou physique.

Nous ne sommes pas complices des tribunaux qui condamnent en notre nom. Il s’agit là d’une usurpation qui est une fois de plus un coup d’État.

Cela ne saurait nous empêcher de garder chacun la possibilité d’un jugement ou d’une indignation mais la société n’a pas à se charger de nos indignations individuelles.

Nous ne sommes pas de gauche. Nous ne sommes pas davantage anarchistes, ni de droite, ni des parallélépipèdes, ni n’importe quoi de ce genre. Nous sommes opportunistes si cela nous semble utile. Nous savons ce que nous voulons.

Nous, abolitionnistes, sommes réalistes – si l’on veut bien par « réalistes » ne pas entendre « experts à avaler toutes les couleuvres du sordide aujourd’hui » – mais « décidés à réaliser nos idées ».

Catherine Baker

Abolitionist Manifesto (1984)

- rough machine translation only -

The principles that founded the prison were philanthropic principles: the offender while incarcerated would think, to mend, to regenerate. The story was correct these painful taradiddles. We can build utopia on an absolute intellectual rigor, or imprisonment based on "hope it will be better after", that is to say on anything intelligible.

The word "rehabilitation" was a pretty entertaining speech but which amuses even the students of the National School of Prison Administration; it would at least time to find another, preferably also comical.

This is not the place to repeat the obvious: the incarceration makes crazy, makes you sick, makes hard and hungry. Nobody ever the challenge to say otherwise.

And no one wants to live in a world in which some people, taking the risk of locking up men make even more menacing than it is.

In most countries, criminologists, knowing that she is deeply harmful, trying more and more to avoid jail for "petty criminals"; it is certainly not by goodness of heart.

A fortiori, it is essential to avoid imprisonment for "real" offenders.

That is why these lines are not taking a position intellectual (what we think is not original) but a call to take concrete action to some for the abolition of prisons by inventing the means for our action .

We are not ladies of work; we do not believe in attacking us in prison, relieve the miseries of the world nor bestiality counteract the multitude by a "human" attitude.

We are not humanists. Man does not exist and we are all commonly scoundrels.

The prison is a symbol we mean a sign of recognition for people instinctively horrified of what we are condemned.

But prisons are also real things overwhelming for the mind, unbearable to reason and must disappear, simply because it makes sense.

The discourse on a prison that would protect the good people of criminals is easier to flush out all the lies. We can start with that one for the joy of the spirit: thus better understand the role of the judiciary, the police and eventually the whole society.

The prison secures the highest number too easily and causes each to dispose of any sense. The prison is essential to maintain the order because the order maintains the prison. That's why prison is indispensable to the maintenance of the prison.

Reformism is not, strictly speaking, silly, but impossible unless the prison punishes the less it responds to his vocation. Blame the prison to be too painful is blame a hospital too well treated.

There is an interesting question that we often arises from century to century: "You talk to suppress torture but what are you going to replace extort confessions useful to society? "This question is a good question. Our answers will never be good enough for such good question. Also humbly ask ourselves another formulation of the problem.

Meanwhile, we see no interest in prolonging the current situation is not a stopgap but worse.

We have much less to lose in open prisons as highways and everything to gain in serenity, in intelligence, desire to think about the many ways to live with others.

And it's urgent.

Short sentences are a set of time-out, inept in itself. But long sentences are appropriate playoffs penalties as such by the law and society: we "cut the gangrenous limb" is "hard weed" is "conducting rodent control," so delicate euphemisms to express the will collective disposal, murder.

If we listened to the crowd, many of those being sent to prison would be burnt on grills, skinned alive before being quartered. We do not have to deal with barbarism. We do not pactisons with those who have the taste of suffering and death in trading over the medium term would be imprisonment. Because we love life. (When we love most, we still believe enough to leave voluntarily.)

We will not let anyone talk of beings "recoverable" or "sunk"; the world is this junk discharge for the filthy minds.

At best, we exclude the idea of ​​opinion (s) State (s); at worst, we affirm that the own public opinion is supposed to be manipulated by those to whom it benefits. As for us, we do not despair of seeing individuals to join our positions when they are made up their own minds on the issue.

Playing the game of an absurd split between guilty and innocent, justice, the practice of imprisonment, we saw two and allowed us to search our unit; strengthening the most rigid standards mental structures, it makes us mechanical agents. We do not tolerate the company under its judicial avatar, we cornered well with dementia and take pretext to exert "naturally" guardianship over us.

We do not like the convicts because they are convicts. The convicts are more friendly as like women, Jews, children or writers. But we love some people who also, among other features, to be writers or Jews or women or children or convicts.

We can not bear to be locked. Neither inside nor outside. We, the "innocent" have no more right to enter the taules that the prisoners out. Same thing for the censorship of our mail. We do not get most newspapers written inside the dungeon, they are forbidden us.

This is not "out of respect of human rights" that we refuse confinement. We do not suffer more we tie the dogs to the kennel or we put monkeys in a cage. This is not a parenthesis.

We fight any alternative to prison, which would also be a confinement "outside" such as social control more refined than today.

We do not pretend to know what freedom but we see quite clearly and distinctly what oppression, and what prevents us from being ourselves.

We need to be relevant to each other, so we can not accept to be subject neither held hostage by any person or group whatsoever. We oppose any institutionalization of force, whether from the big shots of all kinds of Mafiosi, family, people, male, state, etc.

We do not recognize anyone the right nor to judge us or to judge our actions.

We have all the rights.

The law does not exist. It is a pessimistic view but nonetheless false what is the relationship between us. There is no interest to prohibit eg rape, but highly interesting contrary to imagine how to avoid being raped or rapist.

The crime in itself does not exist; if we take a random nightmarish and appalling act (as an employer who steals my time, my life), we will not say that we must eliminate the criminal but everyone's interest to turn things around, to understand what is happening and to resist the force. Nothing stands besides that people appreciate not mutually work together to address ways to avoid any harm to their mental or physical health.

We are not accomplices of the courts that condemn our behalf. This is a usurpation that is once again a coup.

This does not prevent us to keep everyone the possibility of a judgment or indignation but the company did not take over our individual indignation.

We are not left. We are not anarchists more, neither right nor parallelepipeds or anything like that. We are opportunistic if it seems useful. We know what we want.

We abolitionists are realistic - if one is willing to "realistic" does not hear "experts snakes to swallow all the sordid today" - but "determined to realize our ideas."

Catherine Baker

Weblinks und Literatur



Siehe auch